Gilets jaunes : samedi 12 janvier 2019 |
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12 janvier 2019
12 janvier 2019. – Cette 57e journée des « gilets jaunes » du samedi 12 janvier 2019 a été promue sous l’appellation acte IX pour faire suite à l'acte VIII (samedi 5 janvier) et tout au début, l'acte I (samedi 17 novembre 2018). Le mouvement ne s'arrête pas pour autant en semaine en province où le mouvement qui se tasse reste quotidiennement plus suivi qu'à Paris, en France.
Prenant en compte la ré-augmentation de mobilisation la semaine précédente et la volonté des manifestants d'être présent à Paris, le ministère de l'Intérieur a supposé que les manifestants seraient davantage motivés pour manifester à Paris ce samedi, et a ré-augmenté la sécurisation de la capitale.
Cette journée est encore une réussite pour l’exécutif, car même si le nombre de personnes impliquées en France a ré-augmenté par rapport à la semaine dernière, il n’atteint pas celui du 1 décembre 2018, et de plus, le nombre de blessés a baissé.
Au total, cette journée a rassemblé selon des chiffres de la presse régionale, du réseau France Bleu et de différentes préfectures 92 000 manifestants tandis que le ministère de l'Intérieur, lui, annonce un total de 84 000 manifestants dans 73 villes différentes. On recense au moins 82 blessés dont 19 parmi les agents de l'ordre, au moins 284 interpellations et 201 gardes à vue.
À Paris, on a compté 8 000 Gilets jaunes, plus de 167 interpellations, 74 gardes à vue et au moins 24 blessés dont un agent de l'ordre. Pour la première fois à Paris, les Gilets jaunes ont mis en place une organisation :
*brassard blanc : bénévole sécurité;
*brassard vert ou bleu : bénévole guide cortège;
*blouse ou t-shirt blanc : bénévole street-médic;
*brassard rose : personne désirant être sous protection (handicapés, personnes âgées ou encore malades).
Les quarante brassard-blancs du "service de protection" (ne pas dire "service d'ordre") qui s'interposent entre les agents de l'ordre et les manifestants qui veulent en découdre se composent d'une quinzaine de militaires et d'autres volontaires qui ont des expériences de la sécurité, de la police ou de l'armée tel que Victor Lenta surnommé "Anthony".
En province, les manifestations ont été plus violentes. Il y a eu 58 blessés dont 18 parmi les agents de l'ordre et au moins 127 interpellations dont 127 mises en garde à vue.
À la suite de l'appel dans les médias sociaux à manifester ce samedi dans Paris avec Eric Drouet et en province (Bourges notamment avec Ludosky et Nicolle), le ministère a renforcé le dispositif en province à Paris par rapport à la semaine dernière avec 80 000 membres des forces de l'ordre dont 5 000 policiers et gendarmes pour la capitale (port du fusil d’assaut par les CRS), ainsi que quatorze blindés VBRG de la gendarmerie et 2 500 membres des forces de l'ordre à Bourges.
En région, les actions s'étiolent notamment à cause des évacuations de ronds-points par les agents de l'ordre. Ces derniers jours, quelques centaines de Gilets jaunes ont encore manifesté quotidiennement notamment sur quelques points de rassemblement qui restent à être évacués.
A noter que cette journée a commencé mortellement peu après 8h45 rue de Trévise, Paris IXe, où une explosion accidentelle dû à une fuite de gaz dans une boulangerie a causé la mort de quatre personnes, à savoir, Laura (une touriste espagnole de 38 ans, mère de famille), une femme de 28 ans ainsi que deux pompiers, Nathanaël J. et Simon C..
Vers 19h45, l’ancien président François Hollande, s'est dit favorable au RIC mais pas « pour tout ».
À Paris
Vers 7h00, plusieurs stations de métro sont fermées par mesure de sécurité : station Argentine (Ligne 1), Étoile (Ligne 2), Bercy (Lignes 6 et 14), Concorde (Lignes 1, 8 et 12); Miromesnil (Lignes 9 et 13), Champs-Elysées-Clemenceau (Ligne 13) et Varenne (Ligne 13).
Vers 8h30, Champs-Élysées, les premiers Gilets jaunes arrivent sur la célèbre avenue où doit converger plus tard un cortège.
Vers 8h38, les Champs Élysées sont déjà sous haute sécurité ce matin, avec la police qui a monté des protections au milieu de l'avenue pour empêcher l'accès vers l’Élysée.
Vers 9h, suite à l’appel d’Eric Drouet, des Gilets jaunes ont commencé à se rassembler devant le ministère de l’Économie et des Finances à Bercy.
Vers 9h05, le dispositif des agents de l'ordre a été déployé sur les Champs-Élysées avec deux VBRG. L'Arc de triomphe est fermé et ceinturé par des barrières attachées.
Dès 10h15, à Bercy, près du ministère des Finances, plusieurs centaines de Gilets jaunes sont déjà rassemblés.
Vers 10h47, déjà 47 interpellations.
Vers 10h54, les blindés VBRG sont arrivés par la rue François 1er.
Comme les Gilets jaunes, le groupe Action antifasciste Paris Banlieue s'est lui aussi donné rendez-vous à 11h à Bercy, pour organiser des actions contre un rassemblement de « Génération identitaire », prévu à 18h.
À 11h, à Bercy, coup d'envoi de la marche des "soldes", le cortège de plusieurs centaines de Gilets jaunes est parti vers la place de la Bastille. Les chants : « Emmnanuel Macron on vient te chercher chez toi » « Macron démission » et « on va tout casser ». Des inscriptions sont écrites sur de nombreuses vestes, réclamant le "RIC" et la "démission" d'Emmanuel Macron. En tête de cortège, un service d'ordre porteur de brassards blancs ont indiqué le chemin à suivre. Les Gilets jaunes sont encadrés par les agents de l'ordre afin qu'ils ne dévient pas du chemin prévu et validé en amont. Les fouilles des sacs sont systématiques. Deux VBRG et un autopompe à eau sont stationnés.
Les rues qui mènent à l’Élysée sont barrées.
Vers 12h, avenue Daumesnil, le cortège a commencé à arriver place de la Bastille où un cordon de CRS a été déployé. Parmi les slogans récurrent: "libérez Christophe", "Benalla en prison !" ou "Emmanuel Macron, tête de con, on vient te chercher chez toi !".
Vers 12h19, place de la Bastille, la foule a chanté « Libérez Christophe, Libérez Christophe ! ». Le cortège prend la direction de la rue de Rivoli.
Vers 12h45, rue de Rivoli, le cortège, suivi par une autopompe à aqua-canon a pris la direction du boulevard Sébastopol puis s'est dirigé vers la porte Saint-Denis.
Une manifestation partie de place des Fêtes a dû prendre le métro pour esquiver les agents de l'ordre et rejoindre la manifestation partie de Bercy.
Vers 13h10, les manifestants ont commencé a passer devant la porte Saint Denis pour se diriger vers le boulevard Haussmann.
Vers 13h26, à République, les agents de l'ordre ont empêché la convergence de la manifestation des Gilets jaunes avec la manifestation de 20000 personnes pour les trois militantes kurdes assassinées (Sakine, Fidan et Leyla). Seuls quelques dizaines de Gilets jaunes un peu paumés restent avec la manifestation des Kurdes pro-Ocalan/PKK.
Vers 13h30, certains manifestants ont voulu sortir du parcours pour prendre la rue de Mogador mais le service de sécurité mis en place pour l'occasion s'est interposé en faisant une chaîne humaine.
Vers 13h37, le cortège est passé devant les grands magasins dont les grilles sont baissées : « ils sont enfermés comme dans un zoo » a lancé un Gilet jaune. Autour de Saint-Lazare et des grands magasins en direction de la place de l’Étoile, les agents de l'ordre se font huer. « Macron démission, Castaner en prison ! ». Le cortège a remonté le boulevard Haussmann et est arrivé avenue de Friedland.
Vers 13h55, Eric Drouet a défilé avec sa mère bras dessus bras dessous.
À 14 h, le ministère de l’Intérieur comptait 32 000 manifestants en France dont 8 000 à Paris.
Vers 14h00, le cortège des milliers de Gilets jaunes a remonté l'avenue Friedland et est arrivé au rond-point de l’Étoile en criant: "Macron en prison, Christophe à la maison!".
Vers 14h25, arrivée du cortège parisien sur les Champs-Élysées, aux cris notamment de "Castaner nique ta mère", alors qu'il était plutôt attendue vers 17h. Dans le ciel de Paris, un hélicoptère survole la zone.
Vers 14h30, place de l’Étoile, les agents de l'ordre ont laissé rentrer les manifestants sur la place qui ressemble à une grande nasse car toutes les avenues sont barrées par les agents de l'ordre qui sécurisent l’arc de triomphe.
Les Gjs veulent remonter l'avenue de Friedland, mais les CRS font barrage. Les blindés VRPG (4 au total à Paris) sont au pied de l’Arc de triomphe.
Vers 14h42, les Gjs ont tenté de passer à Hoche et à Wagram où dans cette dernière des tirs de grenades lacrymogènes répondent aux jets de projectiles.
Vers 14h49, Eric Drouet s’est fait contrôler par les agents de l’ordre en marge du cortège parisien.
Vers 15h39, sur la place de l’Étoile, l'autopompe à aquacanon a commencé à se déplacer.
Vers 15h53, 53 interpellations à Paris pour le moment.
Vers 15h55, sur la place de l’Étoile, à 25 mètres des forces de l’ordre, un tir de LBD a fracturé la mâchoire d'un Gilet jaune, chaudronnier intérimaire habitant Commentry (Allier). Deux dents ont été arrachées par le choc. Il a été exfiltré de la place de l’Étoile par des secours bénévoles. À l'hôpital, malgré les morceaux de fer et les broches plein la bouche pour réparer sa mâchoire, toutes ses dents inférieures bougent et il ne sent plus le bas de son visage. Il doit se nourrir à la paille pendant un mois et demi. Il a perdu son emploi.
Une femme, blessée à la tête, a été évacuée sur un fauteuil roulant par deux pompiers.
Une équipe de journalistes de LCI a été prise à partie par quelques manifestants, une journaliste a été jetée à terre avant d'être protégée par des Gilet jaune, et un agent de sécurité accompagnant un vidéaste de l'AFP a, lui, reçu des coups de matraque de la part des agents de l'ordre.
Vers 16h00, sur l'avenue de Friedland, alors que les Gilets jaunes sont assemblés place de l’Étoile, des gaz lacrymogène sont lancés par les forces de l'ordre. Par ailleurs, des autopompes à aqua-canon servent à disperser la foule. Ils sont repoussés à renfort de gaz lacrymogène jusqu'à la gare Saint-Lazare.
Peu après 17 h, la nuit a commencé à tomber, la majorité des manifestants a quitté la place de l’Étoile, mais quelques centaines de Gilets jaunes sont restés sur place autour de l’arc de triomphe. Un cordon de CRS a encerclé les derniers manifestants et se rapproche progressivement afin de les obliger à quitter la zone, appuyées par une autopompe à canon à eau. Des Gilets jaunes ont expulsé des antisémites : “On est tous ensemble ici, et on ne veut pas d’antisémites !”. Des dizaines de Gilets jaunes ont alors pris la rue de Washington vers Saint Lazare.
Vers 17h14, à Saint Lazare, un nouveau rassemblement s’était formé autour de Saint Lazare, la circulation a été bloquée devant la gare et une fanfare a déambulé côté Saint Augustin.
À 17h30, aux Champs-Élysées, la manifestation a été repoussée vers l'avenue Friedland, les premiers fourgons de gendarmerie et deux blindés VBRG ont commencé à quitter les lieux.
Vers 17h57, le cortège de Saint Lazare est arrivé à l'Hôtel de Ville (gazage en cours).
À 18h, déjà 121 interpellations.
Vers 18h17, avenue Friedland, plusieurs milliers de personnes ont attaqué les magasins et les banques. Les agents de l'ordre ont commencé à arriver pour charger. Le déroulé est toujours le même. Un petit groupe se détache du cortège des Gilets jaunes et caillasse les vitrines n’ayant pas été protégées par des panneaux. Une fois la vitrine brisée, « ils entrent et pillent le magasin en moins d’une minute », rapporte Karl, employé chez un tailleur du boulevard Haussmann où des casseurs ont réussi à pénétrer.
Vers 18h17, rue de Rivoli, un cortège a pris la direction de Bastille.
Vers 18h37, avenue Friedland, la dispersion de la manifestation a été terminée. Un homme a été blessé à la joue par un projectile de grenade de désencerclement.
Vers 19h, la circulation a été ré-ouverte place de l'Étoile.
Vers 19h38, à la Bastille, à l’arrivée des agents de l'ordre les manifestants sont partis.
En région
À Annecy, 1 500 personnes, venues de Savoie et de Haute-Savoie, se sont rassemblés. Des Gilets jaunes ont brûlé leur carte d'électeurs.
À Auray (56), on a recensé 1 000 manifestants.
À Auxerre, dans la nuit de vendredi à samedi, vers trois heures du matin, les agents de l'ordre ont expulsé la cinquantaine de Gilets jaunes qui bloquaient le centre d’impression de L’Yonne Républicaine.
À Avignon, lors de la manifestation des Gilets jaunes, 3 policiers ont été blessés, sept personnes ont été placées en garde à vue.
À Bar-le-Duc, on a recensé 1.200 manifestants, plusieurs groupes d’individus ont jeté des projectiles, dont des bombes artisanales, contre les forces de l’ordre. Huit personnes ont été interpellées, deux manifestants et un policier ont été blessés.
À Biarritz, on a recensé des milliers manifestants.
À Bordeaux, on a recensé 6 000 personnes, derrière une grande banderole proclamant « Unis, le changement est possible ». Aux jets de projectiles, les CRS ont répliqué avec des lacrymogènes. 45 personnes ont été interpellées. Un Gilet jaune, Olivier Beziade, qui a été blessé à la tête par un tir de LDB et/ou de une grenade de désencerclement, n'a pas perdu conscience lors de son transport au CHU de Bordeaux, mais a été plongé dans un coma artificiel pour opérer son hémorragie cérébrale. En l’honneur des Gilets jaunes mutilés, une campagne d’affichage sauvage de photos retouchées représentant des membres de l’exécutif ensanglanté a été placardée sur des panneaux d'affichage. Dans un abri-bus, des agents de l'ordre ont matraqué un Gilet jaune tandis que sa fille les supplie d’arrêter.
À Bourges (Cher), répondant à l'appel de Priscillia Ludosky et Maxime Nicolle, 6 300 manifestants venus de toute la France, se sont rassemblés à Bourges. Tous les passagers sont fouillés à la sortie du train en arrivant à Bourges. "Bien que sans-dents croquons Macron", "Macron dégage", "La France en colère", peut-on lire sur des pancartes et panonceaux. Maxime Nicolle a lu le texte d'un certain Gaetan qui a revisité le « I have a dream » de Martin Luther King. 4800 Gilets jaunes ont défilé sur un parcours déclaré tandis que 500 manifestants sont allés dans le centre-ville qui était interdit par la préfecture et où quelques incidents ont eu lieu :
18 personnes ont été interpellées et plusieurs personnes ont été placées en garde à vue; 11 personnes, dont deux CRS, ont été blessées. Un Berruyer de 36 ans a été traumatisé crânien par un tir de LBD (lanceur de balles de défense), et a été amené aux urgences de l'hôpital Jacques-Cœur par deux Gilets jaunes avant de perdre l'usage de la parole. Les médecins l'ont alors mis en coma artificiel avant de le transférer à l'hôpital de Tours sans que son pronostic vital ne soit engagé.
Au Royaume-Uni, deux manifestations de Gilets jaunes radicalement opposées : des centaines de Gjs d'extrême-gauche contre l'austérité du gouvernement conservateur; quelques Gjs d'extrême-droite pour le Brexit. En Belgique, plusieurs centaines de Gilets jaunes belges se sont rassemblés à Mons. En Suisse, à Lausanne, Olivier Py, directeur du Festival d'Avignon, a affirmé que : « le lien à l’extrême-droite m’empêche d’être solidaire des Gilets jaunes ».